On avait croisé Etienne Lecomte avec Vrak’trio, un groupe au sein duquel il œuvre entre jazz, musique improvisée et musique contemporaine en compagnie du batteur barcelonais Oriol Roca et du tubiste toulousain Laurent Guitton. Il remet ça avec Funambule trio, une formation composée du même Laurent Guitton et du saxophoniste, toulousain lui aussi, Alain Angeli. Il s’agit donc d’un trio de souffleurs sis dans le Sud-Ouest puisque Etienne Lecomte est lui-même très actif sur les scènes montpelliéraine et audoise.
Funambule car ils revendiquent une musique « aérienne, suspendue et énergique ». Pourtant, on reste franchement sceptique quant à ces qualificatifs, en particulier le dernier, et on envisage plus une esthétique austère, à l’image de ce que propose le Vrak’trio. On est dans un registre contemplatif et on n’éprouve nulle envie de s’agiter sur ces notes qui nécessitent au contraire une écoute attentive. Tant mieux d’ailleurs puisqu’il n’y a pas l’once d’une velléité showbiztique.
Les émotions véhiculées ici sont fortes. Elles sont faites de mélancolie et relèvent d’une sereine prise de tête. « Ornette » fait l’objet d’un très réussi chorus de sax d’Alain Angeli, tout comme celui que prend Etienne Lecomte à la flûte sur l’orientalisante « Marche des chameaux » ou ceux de Laurent Guitton sur « Salsa des Vk » et « Ribadeo ». Car une des caractéristiques de la formation est qu’aucun des instruments n’est assigné à une place. Alors, certes, le tuba tient de fait très régulièrement la ligne de basse mais ses walking bass constituent de très beaux développements chargés en émotions. L’album se termine avec « Choral », une belle composition à la fois laconique et stricte.